Coups de poings, gifles, blagues humiliantes, étranglement, brûlures, sévices sexuels, harcèlement, humiliation, menaces, séquestration, destruction de biens… La violence conjugale est un processus au cours duquel un partenaire va développer des comportements de plus en plus violents, multiplier les rapports de force et les abus de pouvoir à l’encontre de l’autre dans le but de le contrôler, le dominer, le soumettre à sa volonté. La violence instaure un fonctionnement familial reposant sur la peur, le contrôle, l’emprise. Elle s’organise dans une sorte de spirale dont l’intensité et la fréquence augmentent avec le temps. Vivre dans un climat de violences conjugales demande une énergie incroyable. Supporter les humiliations, les insultes, les remarques dévalorisantes, les atteintes physiques ou sexuelles, entraîne une tension psychique permanente. Les différentes formes de violences conjugales - Les violences psychologiques Bien qu'«invisibles», ces violences sont profondément destructrices car elles atteignent la victime dans l'estime qu'elle a d'elle-même. Elles la plongent dans un climat de tension permanente, de peur et d'isolement. L’agresseur peut se présenter comme celui qui sait, qui dicte ce qu’il faut faire, qui fait passer sa femme pour folle, qui critique ses pensées ou ses actes, qui menace de représailles ou de suicide… Il atteint son but en l'humiliant ou la terrorisant pour qu'elle se conforme à ses exigences et accepte tout par peur qu’il ne mette ses menaces à exécution. - Les violences physiques Lorsque les menaces ont échoué ou ne sont plus suffisantes pour soumettre l’autre, l’auteur passe aux coups. Les violences physiques ont pour objectif de contraindre l'autre à se soumettre, par la force puisque les insultes, les intimidations, le chantage...n'ont pas contraint la victime qui résiste. La violence physique peut intervenir de façon régulière, ponctuelle ou même de manière exceptionnelle. - Les violences sexuelles Elles sont les moins dénoncées car toujours associées au devoir conjugal. Ses conséquences sont destructrices car elles blessent la femme dans son être intime. La victime peut être insultée, humiliée ou brutalisée pendant un rapport sexuel, ou contrainte à l’acte sexuel : c’est un viol. Ces violences peuvent aussi prendre d’autres formes : obligation d’agir selon les fantasmes du partenaire, prostitution, partenaires multiples… - Les violences économiques Cette pratique place la victime dans une situation infantile en lui distribuant de l’argent, en lui demandant ce qu’elle en a fait et en vérifiant tous les achats avec les factures. C’est un moyen de la contrôler en limitant ou supprimant son autonomie financière : pas d’argent pour acheter ce dont elle a besoin pour les courses, pas de possibilité de prendre le bus pour aller voir des amis, chercher du travail ou apprendre le français…
Les violences conjugales s’identifient par leur constance ; les comportements violents se multiplient et alternent avec des moments d’accalmie. - Stress du quotidien : montée de la violence Le couple doit affronter les problèmes et le stress de la vie quotidienne ainsi que les difficultés de la vie à deux. Une tension s’installe dans la relation. L’auteur va rendre sa conjointe responsable de tous ses problèmes et de ses frustrations. Ces tensions vont se transformer en hostilité, insultes, agressions verbales, accusations. Il va la dévaloriser ou dénigrer ses comportements, ses façons d’être. Il y a accumulation de conflits et de tensions. - Acte violent Lorsque l’auteur considère que les violences verbales, psychologiques ou ses menaces ne sont plus suffisantes pour soumettre sa partenaire à sa volonté, il recourt aux violences physiques. L’auteur reste conscient de ses gestes et de ses actes : il sait ce qu’il fait. Son objectif n’est pas le départ de l’autre mais l’obtention de sa soumission. Il a tout utilisé comme moyens de communication habituels, alors il frappe. - Culpabilité de l'homme - Espoir de la femme : la rémission L’auteur se sent coupable, s’excuse, pleure, demande pardon. Il promet de ne plus recommencer. Il cherche à maintenir la relation conjugale. Il veut croire que son acte de violence est exceptionnel et cherche à en persuader sa victime. La fragilité que manifeste l’auteur de violence à ce stade, feinte ou non, est un moyen de faire oublier la douleur subie par la victime, qui finit par céder. Toutefois, l’auteur utilise le prétexte qui a déclenché sa violence pour transférer sa responsabilité de la crise sur la victime : « si elle avait fait le repas à l’heure, je ne me serais pas énervé ». Il est persuadé que c’est n’est pas sa faute, il ne se sent pas responsable ; au contraire, il pense que c’est sa victime qui l’a provoqué : « elle m’a fait péter les plombs ». - La lune de miel Tout se passe à merveille, tout recommence à zéro, comme il l’avait promis. L’auteur s’efforce d’être le conjoint et le père souhaité. Il tiendra ce rôle tant qu’il aura l’impression qu’elle n’a pas oublié son acte de violence. La victime veut croire à ses promesses même si elle pressent qu’elle n’est pas à l’abri de nouvelles violences. En prévention, elle sera attentive à ne pas le heurter, le brusquer, elle ira jusqu’à faire fi de ses propres envies, de ses convictions, toujours dans la perspective de ne pas provoquer le courroux de son partenaire. Elle ira jusqu’à ne plus être elle-même, à nier son identité. La répétition des cycles accentue la soumission de la victime qui se sent alors prise dans un enfer dont elle ne sait plus comment sortir. Isolée, elle perd toute confiance en elle, elle a honte, elle se sent coupable des abus qu’elle subit. Elle ne sait plus que la violence est non seulement inacceptable mais qu’elle n’a aucune justification morale, sociale ou religieuse. Une fois le cycle de la violence enclenché, les phases s’accélèrent, les temps d’accalmie deviennent de plus en plus rares. Avec le temps, les actes de violences se durcissent, la période de lune de miel devient de plus en plus courte pour disparaître et laisser place à l’indifférence : la violence est devenue légitime, normale. La spirale de la violence Le cycle de la violence fait place à une spirale où l’issue fatale peut en être la mort. Voici quelques raisons pour lesquelles une femme peut rester sous l’emprise de son conjoint violent : - a aimé ou aime encore cet homme - pense pouvoir changer la situation et modifier le comportement de son conjoint - veut préserver l’unité familiale - subit des pressions extérieures et/ou l’approbation de son entourage - est menacé ou a peur des représailles - méconnait ses droits - réticence à affronter les institutions et l’appareil judiciaire - reste et tente de se conformer aux attentes de son mari pour éviter de nouveaux accès de violence - est isolée et a peu d’opportunité pour trouver de l’aide - peur de la misère et des obstacles matériels à surmonter
Nous vous proposons un lien qui vous propose de voir où vous pourriez vous situer dans votre relation de couple Etes-vous victime de violences conjugales ?
Les enfants au cœur des violences La violence conjugale concerne toute la famille. On a trop tendance à penser que seul le couple est concerné. Mais la frontière est fragile entre violence dans le couple et violence dans la famille. Généralement, cette violence est en lien avec tous les membres de la famille. Ainsi les enfants sont renvoyés à une représentation des fonctions parentales dysfonctionnantes et à des modèles relationnels tronqués. D’où le risque de reproduction de ce qu’on a vu quand on était petit, à un âge adulte. De plus, nous n’insisterons jamais assez sur la souffrance physique et psychique que rencontrent tous les membres d’une famille dont les relations sont violentes. La problématique des enfants témoins de violences conjugales doit être considérée comme une problématique à part entière : quelles que soient la gravité, l’intensité, la fréquence des scènes de violences, qu’ils y aient assisté ou non, ces enfants subissent un traumatisme important puisqu’il engage la relation d’amour de leur parent. Ce traumatisme est d’autant plus important qu’il engage les deux personnes censées les guider et leur apprendre à "être en amour" et "être en société". Le risque est qu’à long terme, les enfants aient un haut degré de tolérance à la violence et normalisent ce modèle de communication violent. D’autres intériorisent cette « bombe à retardement », se replient sur leur sentiment de désespoir, de honte, de culpabilité, de terreur ou d’impuissance. Réintroduire du droit là où la sphère familiale est vécue comme un lieu de toute puissance et d’impunité, restaurer une manière de communiquer et de résoudre des conflits dans la non-violence, restaurer des modèles d’identification adaptés à la vie en société, et par-dessus tout, fortifier et soutenir la fonction maternelle, tels sont les enjeux de la prise en charge de ces enfants.
Action de Solidarité Femmes dans les rues de Belfort
Si toutes les configurations sont possibles, dans la grande majorité des cas, la violence est exercée par un partenaire masculin à l’encontre d’une femme. Cependant, les informations présentées ici pourront aussi servir à des hommes maltraités par leur compagne ou à des personnes homosexuelles violentées dans leur couple. |